• Profane vieillesse

    Au splee enchaînée,

    Fuyant la jeunesse

    Et ses libertés.

    Ah ! Laissez-moi vivre

    Comme dans les livres.

     

    J'ai renié le monde,

    Le monde mauvais,

    Et la voie des ondes

    Perverse télé.

    Fuyant en moi-même,

    Oublier de même.

     

    Oublier les hommes,

    Mais j'ai trop aimé.

    Je ne puis en somme

    Que les retrouver.

    Que dire des femmes,

    Qui perdent mon âme !

     

    Ainsi va la vie

    Et je veux l'aimer

    Et laisser l'envie

    Tout me dévoyer.

    Je me livre aux transes

    Des concupiscences.

     

    Finie la sagesse

    De cet âge mûr,

    Les fausses largesses

    D'un esprit obscur.

    Et vienne l'amour

    Ravager ma tour.

     

    Profane vieillesse

    Au spleen enchaînée,

    Fuyant la jeunesse

    Et ses libertés.

    Ah ! Laissez-moi vivre

    Comme dans les livres.

     

    GUY RIO

    20 février 1996

     

     


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  • Renoir, moment de paix

    Par Éric LIBIOT (L'Express), publié le 03/01/2013.

    Ce que Gilles Bourdos parvient à filmer, c'est le temps où tout bascule. Tout est en filigrane et c'est magnifique. 

     

    RENOIR - Film de Gilles Bourdos, en salles le 2 janvier.

    Et si tout était là, caché dans les dernières toiles que peint Auguste Renoir, planqué derrière les sourires timides d'un Jean Renoir à l'avenir indécis ou à l'ombre du regard fier d'Andrée, ultime modèle du peintre et bientôt femme du cinéaste. Le beau film deGilles Bourdos, intitulé Renoir, pour dire indifféremment le père ou le fils, révèle plus que ce moment de paix dans la vie d'une famille où l'un est au crépuscule de sa carrière et l'autre à peine intéressé par ce 7e art qui lui apportera la reconnaissance. Dans ces instants suspendus au soleil de la Provence, en 1915, des vies se jouent et se nouent sur la pointe des pieds. Ce que Gilles Bourdos parvient à filmer, c'est le temps où tout bascule: un père qui dit, à travers sa peinture, "essayer de retrouver l'enfance", un fils qui peine à devenir adulte à cause du poids trop lourd de la figure paternelle, tout est en filigrane et c'est magnifique. 

    Dans sa biographie de Jean Renoir, Pascal Mérigeau, cite un extrait de Ma vie et mes films, réflexions d'un homme autant que d'un cinéaste: "J'ai passé ma vie à tenter de déterminer l'influence de mon père sur moi, sautant de périodes où je faisais tout pour échapper à cette influence à d'autres où je me gavais de formules que je croyais tenir de lui." Tandis que Pascal Mérigeau, en un livre passionnant sur un XXe siècle dont le cinéma est le miroir et le témoin, dévoile un artiste qui joue sans cesse des ombres et des lumières de son existence et de sa légende, Gilles Bourdos met en scène un amour filial qui peine à se dire et une passion amoureuse qui oscille entre désir et intérêt. Il faut lire l'un et voir l'autre. 

    Il fut en son temps reproché à Auguste de ne peindre que des canotiers et des baigneuses, choses futiles pour un art si majeur. De même, Jean fut critiqué pour avoir filmé un marivaudage de classes dans "LA REGLE DU JEU." On sait bien aujourd'hui que la profondeur de leur travail, ainsi que le montre le film, se cache justement dans cette façon de peindre la vérité humaine dans la grande illusion du bonheur. 

    Renoir

     

     


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