• Mère (11ème)

    Malgré mon air misérable, il existait un réel décalage entre la réalité que voyaient les autres et ce que je voyais moi et l'apparence que je montrais, que cela finissait par me complexer. Ce fut tout le temps comme ça autour de moi dans ma vie. Trop ou trop peu, pas de juste milieu.

    On m’envia alors que j’étais miséreuse et quand, plus tard, je pus m’habiller mieux, grâce à ma couture et à mes achats de soldes, des achats qui ne me coûtaient pas cher, on m’envia et on me jalousa encore, on me jalousa toujours… Surtout les femmes bien sûr.

    Toute ma vie il y eut plein de trucs que je n'ai pas compris. Pourquoi ai-je dû subir telle chose que telle autre dans la même situation n’eut pas à subir, pourquoi je n’ai pas su me faire respecter, pourquoi je n’ai pas su m'imposer et en imposer ? Cela vient de mon enfance dont je suis marquée, sans aucun doute. Peut-être est-ce mieux aujourd’hui ? Je n’en suis pas sûre.

    J'adorais lire mais les livres n'encombraient pas la maison. J'en eus juste une dizaine pendant les vingt deux années passées chez mes parents. C'est ainsi que je lus : les Mystères de Paris d'Eugène Sue, Les Pardaillan, un livre classique, le CID de Corneille (je me demande d'où il sortait celui-là) et deux livres d'enfant, l'un que j'eus pour un Noël, Les Bons enfants de la bibliothèque Rouge et Bleue, je le lus en quelques heures, et l'autre que j'eus en collectionnant des points AMI sur les paquets de pâtes et autres denrées, l'Ami sur sa péniche où il fallait coller des images aux places prévues à cet effet.

    J’aimais beaucoup ce livre que j’avais mis un certain temps à obtenir après avoir quémandé les points à droite et à gauche, à la maison et chez mes grands-parents.

    A l'âge de douze ans, la directrice demanda quelqu'un pour tenir la bibliothèque de l'école, je me proposais. Ainsi, les livres que je louais pour cinq centimes à mes copines me passaient entre les mains. C'était un bonheur de les toucher, les confier aux copines qui les lisaient et les récupérer ensuite pour les ranger à leur place.

    Certaines eurent de bonnes notes à leurs rédactions grâce à leur lecture et furent ainsi avantagées par rapport à moi. Je tenais bien le registre et cela me remplissait de joie. Mais un jour j'oubliais dans le bus le sac dans lequel je mettais l'argent des livres que je louais. J'en fus désolée. Mes parents durent rembourser l'argent ainsi égaré. Ce n’est pas que ce fut un problème pour eux car la somme n’était pas élevée et ils pouvaient le faire. C’est surtout qu’ils m’en voulurent. J’étais tellement étourdie (je le suis encore parfois, je dois bien l’avouer.)

    Quelle sotte je fus alors de ne pas oser prendre quelques livres pour moi. J'en avais tellement envie. J'aurais très bien pu en lire à l'école, pendant les récréations. J'aurais peut-être même pu en emmener un de temps en temps à la maison et le lire dans ma chambre en cachette.

    Mais j'étais tellement conditionnée à la crainte et avec madame Mère c'était si peu facile de cacher quoi que ce soit que je n'osais pas. J'ai raté là une bonne occasion de profiter de lire à satiété, raté une joie, un plaisir, raté de me cultiver à une époque où cela m'aurait bien aidée. A toutes les époques cela m’aurait aidée d’ailleurs et aurait contribué à me mettre en valeur, à me former…

    Les lectures, que l’on fait dans son enfance, sont les plus importantes et conditionnent toute une vie. Je ne peux pas dire que la dizaine que j'aie lue moi ait conditionné quoi que ce soit.

    BON WEEK-END MES AMIS ET AMIES

    bises

    L Y D I A

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 12 Avril 2014 à 03:28
    vivrenchine

    Bonjour Lydia

    je viens de lire billet 11, beaucoup de frustration dans ta vie.

     

    Je te souhaite un très bon samedi

     

    Nos amitiés   

     

    Qing&René

     

    http://mandarinsgz.canalblog.com

     

    2
    Samedi 12 Avril 2014 à 10:28


    Je vous embrasse tous et vous souhaite un très bon week-endBisous------------------- 

     

    "Bon week-end" - Fleurs de lin et papillon bleu...
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    3
    lianne
    Samedi 12 Avril 2014 à 11:25

    je viens de lire le  11ème chapitre  et je vois que beaucoup de choses  (notamment la lecture ) aurait pu t'apporter beaucoup de joie .Moi je n'étais pas privée à la maison oui car mes parents ne roulaient pas sur l'or mais je me rattrapais avec la bibliothèque de l'école que j'écumais de façon tellement rapide que lorsqu'on arrivait avant les vacances j'avais tout lu . J'en garde un bon souvenir  Bisous Eliane

    4
    Dimanche 13 Avril 2014 à 02:17
    vivrenchine

    Bonjour Lydia Je te souhaite un très bon dimanche Nos amitiés Qing&René http://belgiquechine.canalblog.com

    5
    Dimanche 13 Avril 2014 à 04:36
    Ailonuages

    Je n'ai pas la chance de te connaitre dans la vie réelle, mais tes écrits, tes réponses sont toujours tellement gentils, j'étais bien loin d'imaginer toutes ces souffrances, gros bisous Lydia

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