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Mère (dix-septième)
Revenons à une époque plus lointaine, à ma toute petite enfance. Mon frère avait cinq ans de plus que moi et sœur aînée : neuf ans. Jusqu'à la naissance de ma cadette, qui arriva un peu avant mes quatre ans, tous les deux m'aimaient ou, au moins, ne me détestaient pas.
J’étais leur seule petite sœur et, mon frère, surtout, s'amusait avec moi et ses jeux de garçon ne m’arrangeaient pas toujours. Je me souviens de ce jour où il eut cette funeste idée de vouloir me pousser sur la voiture à pédale de l’époque. Mais voilà, au lieu de me faire asseoir à la place réservée à cet effet, il eut l’idée saugrenue de me faire asseoir sur le capot. Ce qui fait que quand il poussa la voiture, ce qui devait arriver arriva, je basculais sir le bord arrière de la voiture qui était coupant. Je me blessais sous la lèvre inférieure et la vilaine cicatrice que j’en retirai me décore toujours aujourd’hui. Je dois dire que cela ne m’a pas enlaidie mais c'était une première marque sur mon visage. Une autre viendra plus tard agrémenter ma tempe droite.
À partir de la naissance de ma cadette, tout changea et très vite je fus reléguée. Mon frère prit un malin plaisir à me dire et à me répéter que j'étais bête, que quand on était bête c'était pour la vie et que la nouvelle née était la plus mignonne, la plus gentille, la plus gracieuse et tant d'autres choses dites exprès pour m’être désagréable et enfoncer un peu plus le clou.
Les uns et les autres me dépossédèrent de moi-même. D'une année sur l'autre je ne fus plus rien, ne les intéressai plus. Madame Mère surtout qui m'opposait sans arrêt cette merveilleuse enfant parfaite, d'une part et, d'autre part, le petit frère qui était mort dans sa seconde année et qui, lui, s'il avait vécu, aurait tout fait mieux que tout le monde, bien sûr. Madame Mère en était persuadée et n'en démordait pas.
Je me souviens d'une année, j'avais cinq ans et j’étais partie en vacances avec mes grands-parents. Je revois le visage que fit madame Mère à mon retour. Elle tordit la bouche quand elle me vit revenir et murmura entre ses dents : « La revoilà celle-là », pendant que le bébé, qui avait grandi, était à côté d'elle sur la chaise haute, souriante, heureuse. Elle ne risquait rien de madame Mère et ne s’en faisait pas. Je ne trouvais pas cela du tout sympathique et, par bravade, fis un petit sourire frondeur d’un air de déclarer : « Tu peux bien débiter toutes les méchancetés que tu voudras, cela ne me touche pas. »
Ce bébé-là, nous l'avons vu, buvait le lait des vaches sucré avec le miel des abeilles et, trop bien nourrie, eut tout le temps des ennuis de santé : « des infections intestinales surtout. » Ce qui prouve bien qu'une nourriture trop riche n'est pas bonne pour le corps ni pour la santé et qu'il est préférable de manger moins et moins riche de préférence. Je préfère la notion : « Moins tu manges et mieux tu vis et plus longtemps », plutôt que : « Moi j’aime manger et peu importe ce qui peut m’arriver ensuite. De toute façon, il faut bien mourir de quelque chose. » Dans ce domaine, chacun voit les choses différemment.
BON 1er mai et bon week-end,
L Y D I A
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Commentaires
Les enfants sont cruels parfois. Le muguet a fleuri trop vite ici, résultat rien pour le premier Mai, merci pour celui que tu nous adresses sur ton blog, Gros bisous
Bonjour Lydia
un réel plaisir de continuer a te lire
je suis de retour sur le blog Je te souhaite un très bon lundi Nos amitiés bises
Qing&René
http://belgiquechine.canalblog.com
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Que dire après avoir lu ton récit ,je me demande bien pourquoi ils s'en prenait tous à toi de cette manière ,ta mère ce n'était déjà pas normal mais que le reste de la fratrie soit aussi méchant cela dépasse l'entendement .Enfin quoiqu'il en soit et un peu en retard ,Bon week-end et merci pour le joli muguet bises eliane