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Par CHAMARIE le 11 Mai 2014 à 10:28
Si en C.E. je fus la chouchoute de ma maîtresse, en C.M. ce fut différent. La maîtresse était une vieille fille qui devait être née vieille car je ne pouvais pas l'imaginer autrement. Je l'ai toujours connue avec son chignon gris mal tiré, ses blouses grises, son corps sans charme, ses épaisses chaussures plates de bonne-sœur. Elle avait une fille qu’elle avait adoptée (du moins le disait-elle.) Certaines d’entre nous pensions qu’elle l’avait eue toute seule comme une grande et par les voies naturelles. Elle avait un air canaille qui pouvait très bien laisser imaginer cela malgré sa laideur.
Ceci dit, elle était très injuste, faisait souvent des réflexions désobligeantes en même temps qu'elles étaient peu encourageantes, et avait de sales habitudes. Par exemple, elle arrivait le matin avec une baguette de pain frais et le journal du jour. Elle passait alors une heure et demie ou deux, à croquer le pain et à tourner les pages du journal sans discrétion, le plier, le déplier, le replier sans fin mais avec malice, et regardait ses élèves à tour de rôle avec un air mauvais qui semblait dire : « Si je vous dérange, tant pis pour vous, vous n’avez qu'à faire avec. » Quand midi arrivait, elle devait le connaître par cœur son journal.
Ces bruits qu'elle faisait, en croquant le pain, en froissant les feuilles du journal qui bruissaient à qui mieux mieux, formaient un ensemble fort désagréable et irritant qui portaient sur le système nerveux de plusieurs élèves parmi lesquelles j'étais. Pendant ce temps-là, nous essayions de nous concentrer sur le travail qu'elle nous avait donné à faire et ce n'était pas facile.
Ce petit manège dura les deux années que je passai dans cette classe. Cela devait exister avant mon arrivée et dura après mon départ et probablement jusqu’à sa retraite. Je ne vois pas pourquoi cela aurait cessé ni pourquoi elle se serait privée de son plaisir ! Le seul qu’elle devait avoir sans doute. Et l'on voyait qu'elle prenait un réel plaisir à passer son temps ainsi. Elle trompait sans doute un certain ennui de cette façon.
Au point que, depuis, je supporte difficilement d'entendre les pages d’un journal tournées et repliées avec bruit car ce n'est pas silencieux et certains font plus de bruit que d’autres quand ils manipulent leur journal. On peut très bien penser qu'ils y trouvent du plaisir, eux aussi. Les gens qui le font, dans les lieux publics, se rendent-ils compte à quel point ils sont agaçants ? Non sans doute ! Ou bien, s'ils s'en rendent compte, ils ne font rien pour éviter.
C'est pour cette raison, sans doute, que j'ai du mal à lire les journaux en général et que, quand ça m'arrive, je le fais en silence, sur une grande table pour éviter d'avoir à le replier, puis le déplier pour tourner une page et le replier à nouveau. Je n’aime pas, c’est ainsi. Les rares fois où j’ai l’occasion d’en lire un, j’en suis bien contente.
Il m'arrive d'acheter le journal régional et de ne pas le lire. Je lis plus facilement les magazines plus simples à manipuler ou le Canard enchaîné ou encore le Monde. Mais c’est tellement rare que ce n’est même pas la peine d’en parler.
Pour ce qui est de cette maîtresse et de ses injustices, je n’aimais pas du tout sa façon d’interpréter nos rédactions. Un jour qu’il fallait écrire un texte sur nos animaux familiers, j’écrivis le mien sur mes chats. J’essayai de décrire mon chat en train de dormir. Je disais qu’il était roulé sur lui-même et avait la tête à l’envers. J’avais constaté que mes chats dormaient ainsi, la tête posée sur le dessus du crâne et n’avais rien trouvé de mieux à dire pour l’expliquer.
En tous les cas, elle me ramassa vertement en disant que c’était moi qui avais la tête à l’envers. Cela me vexa si fort que je m’en souviens encore. Il est vrai que certains instituteurs ne sont pas fins avec la littérature. Ils n’y connaissent rien ou pas grand chose mais se permettent de juger comme s’ils s’y connaissaient. Il n’y a qu’à voir le choix qu’ils font quand ils lisent… J'ai constaté cela chez plusieurs instits que je connais et leur choix est médiocre.
Bon dimanche à tous et toutes,
L Y D I A
2 commentaires -
Par CHAMARIE le 10 Mai 2014 à 17:08
Madame Mère ne trouvait rien de mieux, quand ma petite sœur était malade et pas moi, de me dire : « Tu n’es jamais malade, toi, c’est la méchanceté qui te tient. » Pour ce qui est de la méchanceté, elle savait de quoi elle parlait. Mais ça ne pouvait s’appliquer qu’à elle. En tant qu’adulte, si elle l’était avec moi, elle ne l’était pas avec tout le monde. Elle avait ses têtes, suivez mon regard ! Il n’était donc pas question pour moi de me plaindre à qui que ce soit qui ne m’aurait pas crue. Tous ces gens la trouvait gentille. Ma cousine surtout la trouvait très gentille et savait bien lui faire des mamours à n'en plus finir et cela lui réussit fort bien ! Elle fut toujours bien vue par Mère.
La haine de cette femme, qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez qu'elle avait petit et son absence totale d’humanité, ne lui permettait pas de voir que tout était de sa faute et de celle de la famille qu'elle avait entraînée à sa suite.
Car j'étais devenue agressive et, après tous les traitements de démolition dont j'avais été victime, j'étais devenue jalouse de cette petite qui voulait me suivre partout. Cela m'agaçait tant que je la menaçai un jour d'un couteau ni plus ni moins (j’avais alors six ou sept ans.) Un seul jour, une seule fois. Je ne le fis plus jamais après et elle continua de me coller aux talons.
Je n'arrivais pas à lui faire comprendre que je préférais rester seule. Elle était là, en permanence, me suppliant de son œil humide qui semblait dire : « Garde-moi avec toi, j’en ai tellement envie. »
Je n’avais pas d’autre choix que de la garder auprès de moi. Ainsi nous étions toujours toutes les deux, inséparables par force et par nécessité. Nous étions tour à tour "Laurel et Hardy" bouboule et sac d’arêtes ainsi que m'appelait mon parrain. Car si j'étais grande et maigre, elle était petite et ronde. Un beau duo en vérité ! Ses yeux, son visage, tout était rond. Encore aujourd’hui ! Petite, elle n’était pas grosse. C’était juste à côté de moi qu’elle paraissait ronde …
A cet âge, quand je voyais mon frère et ma sœur aînés partir à l'école, j'avais très envie d'y aller aussi. Quand mon tour arriva enfin, je m'y trouvai si bien que je désirai que cela ne s'arrête jamais. Si j'avais su ce qui m'attendait ! Pendant les vacances, j'étais malheureuse parce que je n’apprenais rien. C’était du temps perdu pour moi. J'adorais apprendre, j'étais bonne à l'étude, sérieuse et ramenais parfois ma science à la maison. Ce que madame Mère détestait.
Elle me rabrouait alors vertement à chaque fois que je disais : « J’ai lu dans mon livre de sciences... » Elle m'enviait, moi qui aimais tant l'école où elle-même n'avait pu aller qu’irrégulièrement. Elle ne savait qu'à peine lire et écrire à cause de sa propre mère qui ne l'avait pas favorisée pour l'école et ça n'en finissait pas...
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Vous avez dû vous demander ce qui m'arrivait. Panne de connexion et autres ennuis d'ordinateur réparés maintenant. Il faut encore changer la livebox et je serai au top.
GROS BISOUS
L Y D I A
5 commentaires -
Par CHAMARIE le 10 Mai 2014 à 14:43
Bonjour mes amis,
Je viens juste d'avoir la visite du technicien qui a réparé la carte d'où venait le défaut. Je me jette à l'instant sur mon ordinateur, sur mon blog, sur mes mails, vous m'avez manqué.
C'est pourquoi il y a eu ce silence d'une semaine. Quel bonheur de vous retrouver.
Bisous et à très bientôt pour le 18ème.
L Y D I A
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Par CHAMARIE le 1 Mai 2014 à 13:33
Revenons à une époque plus lointaine, à ma toute petite enfance. Mon frère avait cinq ans de plus que moi et sœur aînée : neuf ans. Jusqu'à la naissance de ma cadette, qui arriva un peu avant mes quatre ans, tous les deux m'aimaient ou, au moins, ne me détestaient pas.
J’étais leur seule petite sœur et, mon frère, surtout, s'amusait avec moi et ses jeux de garçon ne m’arrangeaient pas toujours. Je me souviens de ce jour où il eut cette funeste idée de vouloir me pousser sur la voiture à pédale de l’époque. Mais voilà, au lieu de me faire asseoir à la place réservée à cet effet, il eut l’idée saugrenue de me faire asseoir sur le capot. Ce qui fait que quand il poussa la voiture, ce qui devait arriver arriva, je basculais sir le bord arrière de la voiture qui était coupant. Je me blessais sous la lèvre inférieure et la vilaine cicatrice que j’en retirai me décore toujours aujourd’hui. Je dois dire que cela ne m’a pas enlaidie mais c'était une première marque sur mon visage. Une autre viendra plus tard agrémenter ma tempe droite.
À partir de la naissance de ma cadette, tout changea et très vite je fus reléguée. Mon frère prit un malin plaisir à me dire et à me répéter que j'étais bête, que quand on était bête c'était pour la vie et que la nouvelle née était la plus mignonne, la plus gentille, la plus gracieuse et tant d'autres choses dites exprès pour m’être désagréable et enfoncer un peu plus le clou.
Les uns et les autres me dépossédèrent de moi-même. D'une année sur l'autre je ne fus plus rien, ne les intéressai plus. Madame Mère surtout qui m'opposait sans arrêt cette merveilleuse enfant parfaite, d'une part et, d'autre part, le petit frère qui était mort dans sa seconde année et qui, lui, s'il avait vécu, aurait tout fait mieux que tout le monde, bien sûr. Madame Mère en était persuadée et n'en démordait pas.
Je me souviens d'une année, j'avais cinq ans et j’étais partie en vacances avec mes grands-parents. Je revois le visage que fit madame Mère à mon retour. Elle tordit la bouche quand elle me vit revenir et murmura entre ses dents : « La revoilà celle-là », pendant que le bébé, qui avait grandi, était à côté d'elle sur la chaise haute, souriante, heureuse. Elle ne risquait rien de madame Mère et ne s’en faisait pas. Je ne trouvais pas cela du tout sympathique et, par bravade, fis un petit sourire frondeur d’un air de déclarer : « Tu peux bien débiter toutes les méchancetés que tu voudras, cela ne me touche pas. »
Ce bébé-là, nous l'avons vu, buvait le lait des vaches sucré avec le miel des abeilles et, trop bien nourrie, eut tout le temps des ennuis de santé : « des infections intestinales surtout. » Ce qui prouve bien qu'une nourriture trop riche n'est pas bonne pour le corps ni pour la santé et qu'il est préférable de manger moins et moins riche de préférence. Je préfère la notion : « Moins tu manges et mieux tu vis et plus longtemps », plutôt que : « Moi j’aime manger et peu importe ce qui peut m’arriver ensuite. De toute façon, il faut bien mourir de quelque chose. » Dans ce domaine, chacun voit les choses différemment.
BON 1er mai et bon week-end,
L Y D I A
3 commentaires -
Par CHAMARIE le 25 Avril 2014 à 08:21
Merci pour vos commentaires où je vois que vous aimez ma prose.
Dans ce cas, je veux bien reconsidérer la chose et reprendre bientôt.
Laissez-moi quelques jours pour faire autre chose et je reviendrai avec "MÈRE."
Bon week-end.
L Y D I A
5 commentaires
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