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Par CHAMARIE le 6 Avril 2014 à 08:37
Il y avait aussi un chien jaune bâtard femelle qui s'appelait Finette. Cette pauvre bête était attachée à longueur de jours et de nuits à une corde qui lui entourait le cou et l’étranglait si elle tirait. Personne ne s'en inquiétait. Même pas mes grands-parents qui habitaient à côté de son attache et qui, pourtant, manifestaient de l’intérêt (?) vis-à-vis des animaux.
Peut-être n'étaient-ce que des manières ? Puisqu'ils ne s'en étaient pas aperçus, c'est qu'ils ne la regardaient pas. S'ils ne la regardaient pas, c'est qu'ils s'en désintéressaient. Et s’ils s’en désintéressaient, c’est qu’ils n’aimaient pas vraiment les animaux…
Je vis un jour un gros sillon sanguinolent autour de son cou à l'endroit de la corde. C'était une vilaine plaie qui s'était formée à force que cette corde lui scie le cou quand elle allait et venait ou quand elle tirait dessus. Je m'en émus et décidai de la détacher.
Quand ce fut fait, je réussis à imposer qu'on ne l'attache plus. Que n'ai-je osé imposer plus souvent ! J'aurais pu taper sur la table pour demander, j'aurais obtenu plus que ce que j'ai eu et qui fut bien peu. Il y a aussi ce que j'ai demandé et n'ai pas eu, c'est arrivé souvent.
Malheureusement, Dieu seul sait pourquoi, je n'ai pas osé. La timidité, la peur de madame Mère et de petit père ? Je ne sais pas. Mais cela aussi me poursuit. Je regrette tellement cette attitude docile et soumise qui fut trop souvent la mienne. Il est vrai que je n’avais pas tellement le choix. Si j’avais tapé du pied ou exigé des choses impossibles, cela n’aurait pas plu du tout à ma mère et qui sait ce qu’elle aurait trouvé à dire ou à faire pour me calmer.
Il m’arrive aujourd’hui d’imaginer des scénarios où je me serais échappée de chez moi mineure. N’oublions pas qu’à cette époque, l’âge de la majorité était à 21 ans et que c’était beaucoup trop. Quand on était privé de liberté jusqu’à cet âge, on ne pouvait pas s’en sortir ni s’en remettre quand l’âge arrivait pour nous libérer. C’était souvent trop tard !
Il valait donc mieux que je m’écrase. Je sentais que c’était la meilleure solution avec elle. Je renonçais à me battre alors que, dans le même temps, mon aînée était mariée et mon frère fréquentait déjà, lui, à dix-huit ans. C'était très jeune mais cela lui fut permis alors que, dans le même temps, cela nous était interdit. Ma mère avait une idée très précise de la différence qui existait entre les filles et les garçons.
Pourtant, la fille que fréquenta mon frère avait dix-huit ans aussi, comme lui, et cela ne la gêna pas du tout. Moi, au même âge, je subissais une surveillance continue, assidue et sans trêve. Plus je vieillissais et plus on me gardait, plus on m’entourait de plus en plus près. J’avais tout juste le droit d’aller poster le courrier le soir. Et encore était-elle soupçonneuse quand ça m’arrivait. Cette femme ne vivait jamais tranquille. Elle sentait qu’en approchant de la majorité j’allais lui échapper et ne supportait pas cette idée.
BON DIMANCHE
L Y D I A
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Par CHAMARIE le 4 Avril 2014 à 09:39
Elle avait aussi ses fleurs et ses plantes vertes et cactus. Ma jeune sœur est pareille. Elle est la copie conforme de ma mère et en a les défauts amplifiés (surtout, elle est catégorique.) Elle a « la main verte » et est envahie de pots de plantes et de fleurs autour de sa maison ou dans les massifs où elles poussent et fleurissent à l’envi. Tout ce qu'elle met en terre prend racine et grandit comme par miracle. Pour ne pas la contrarier peut-être ! En tous les cas c'est admirable (sauf qu’aujourd’hui il y a des lapins sauvages et des chevreuils parfois, qui ont proliféré tout autour et qui viennent lui manger ses fleurs en premier et tout ce qu’ils peuvent en plus comme de jeunes arbres.)
Pour moi, c'est différent. J'ai quelques plantes vertes mais très peu. Et je ne les réussis pas tout le temps. Ou bien il faut qu'elles ne soient pas fragiles. J'évite le contact de la terre qui me sèche les mains et me met mal à l’aise. J'aime bien planter des fleurs mais le moins possible car je ne peux pas suivre ensuite. Et quand c'est planté, il faut s'y tenir, désherber, arroser, entretenir.
Le lagestroaemia que nous lui avons donné a très bien poussé chez elle. Alors que la demi-douzaine d'autres que nous avions plantés chez nous sont morts les uns après les autres et il n'en reste aucun. Sauf de petites repousses qui sont devenues au fil des ans de gros arbustes qui me font quand même de très belles fleurs en août, chaque année…
Il y avait aussi, à la maison familiale de mon enfance, les animaux domestiques : les chats surtout, tous des femelles. Elles furent quatre en même temps. Pour madame Mère, elles étaient là pour manger les souris. Heureusement, il n’y avait pas de voisins proches qu’ils pouvaient déranger. La route était assez loin aussi. Il fallait les laisser dehors tout le temps et leur donner peu à manger pour qu'elles soient attirées à chasser.
Il y en avait en pagaille des souris. Les parcs à animaux avec le grain et le foin et l'usine avec la sciure ou les copeaux, les attiraient et leur procuraient des endroits nombreux pour faire leurs nids. Des milliers de cachettes où elles pouvaient pulluler.
Pour les chasser, quatre chats n'étaient pas de trop. On voyait toujours une ou deux de ces petites bêtes repoussantes, courir par-ci, par-là.
Les chattes étaient efficaces et s'acquittaient bien de leur tâche. Mais elles ajoutaient aussi à leur menu des oiseaux dont elles étaient friandes, ce qui me plaisait beaucoup moins ! Les chats sont de terribles prédateurs et les oiseaux en pâtissent.
Ces minettes sont les plus beaux souvenirs de mon enfance et de mon adolescence. Je n'avais pas grand-chose en général et en particulier, je manquais beaucoup d’affection. Elles m'apportaient tout : les câlins, les mamours, les caresses, les ronrons et leurs regards énamourés qui me donnaient tant de joie. Rien qu’à l’écrire, je les revois et cela m’attendrit. Il y eut plusieurs générations. Je me souviens en particulier de l’Isabelle, la blanche et noire, l’angora et d’autres (dont une petite blanche et noire qui se fit attraper par une voiture et que j’arrivais à sauver par mon amour et des soins attentifs…)
Nous étions le plus souvent possible ensemble dehors car il n'était pas question qu'elles entrent dans la maison. Interdit. Je m'asseyais devant la porte et elles arrivaient sur mes genoux, autour de moi et se mettaient à ronronner. Je ne faisais pas un pas sans que l'une ou l'autre me suive. J'aimais moins la période de chasse amoureuse où elles faisaient un terrible raffut avec les mâles qui venaient. Cela me déplaisait considérablement. J'ouvrais mes contrevents en pleine nuit et les chassais en leur lançant des morceaux de bois. Je devais aller les ramasser le lendemain. L'une d'entre elles fit même ses chatons, une année, dans l'armoire de ma chambre.
Madame Mère m'appelait « la mère-chats » ce qui était un compliment pour moi, même si elle le disait avec un certain mépris. Elle aurait bien pu dire n'importe quoi. Rien n'aurait pu m'empêcher d'aimer mes minettes. Je manquais tellement d’amour !
BONNE LECTURE
L Y D I A
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Par CHAMARIE le 3 Avril 2014 à 12:49
Elle me laissa donc végéter. Elle laissa aller les choses ! C'était quand même bizarre pour quelqu'un qui, par ailleurs, s'inquiétait pour des riens !
Peut-être était-elle indifférente à mon état. Allez savoir ! Et moi je me traînais, il n'y a pas d'autre mot. J'avais à peine la force de marcher tant j'étais faible, anémiée, avec des muqueuses de plus en plus pâles. Quand on tirait le bas de mes paupières, le blanc de mon oeil était devenu jaune. J'étais dans un sale pétrin.
Cela dura jusqu'au jour où un client de petit père, qui me voyait traîner ma couenne comme un zombi, eut pitié de moi et donna à mes parents l'adresse d'un spécialiste auquel ma mère m'emmena enfin et qui me sortit de ce marasme. Je fis, grâce à lui, mon premier régime efficace (c'est là que je compris le rapport évident de la bonne nourriture que l'on prend avec la santé que l'on en acquiert ou le contraire) et mon premier traitement sérieux qui me transforma complètement. Depuis, je crois mordicus au bien que peuvent apporter certains aliments par rapport à d’autres qui apportent la maladie.
Ce régime portait évidemment sur la suppression des charcuteries de toutes sortes que j’ingurgitais, la suppression des frites, la chasse au gras partout où il y en avait. Ce fut très efficace.
Un an après, j'avais tellement changé que personne ne me reconnaissait plus. C'était entre mes douze/treize ans. J'étais devenue une jeune fille complètement formée, mon foie était guéri, je mangeais bien tout en faisant attention à éviter le gras surtout, et tout rentra dans l'ordre.
Je mangeais tellement que, pour mes dix sept ans, j'avais atteint le poids de 64 kilos. C'était beaucoup pour moi (je mesurais 1,68 m.) Tout s’était mis dans mes fesses et cela me faisait une vilaine allure. Je n'ai jamais dépassé les 59 kilos de toute ma vie ensuite, sauf pour mes grossesses et encore, pas de beaucoup. A la ménopause, j’ai de nouveau dépassé les 60 kilos après avoir dépassé les 60 ans. Je mangeais beaucoup, je l’ai dit, et avec avidité. En fait, je mangeais vite, trop de pain, je buvais trop en mangeant ce qui faisait gonfler le pain dans mon estomac qui se remplissait d’air. Cela s’appelait de l’aérophagie dont je fis à cette époque-là d’importantes crises très douloureuses. Maintenant, c’est passé. Il m’arrive encore d’avaler un peu d’air. La raison primordiale de tout cela était que ma mère me disait à tous les repas : « Finis le plat, allez, force-toi ! » Je le faisais sans discuter et c’était juste ce trop-là qui me faisait grossir. Aujourd’hui, je ne finis plus les plats. Quand j’en ai assez, je laisse pour le repas suivant.
Il y avait le jardin. Le bon jardin sans engrais, sans désherbant, sans aucun produit chimique quelconque. Seule la bouillie bordelaise était utilisée et encore, avec parcimonie. C’était le produit que l’on aurait pu appeler « biologique » du jardin familial par excellence, à condition de ne pas en abuser bien sûr, comme de tout. Il était fait de façon naturelle.
Les choux, poireaux, haricots verts et en grains, salades, tomates, aubergines, blettes, céleris, piments, poivrons, cornichons, fèves, petits pois et j'en passe, côtoyaient les carottes, les pommes de terre auxquelles j'enlevais les doryphores et les mettaient dans une bouteille que madame Mère faisait brûler ensuite.
Il y avait les radis, le persil, les betteraves. Tout ce qu'il fallait y était. Madame Mère y passait de longues heures chaque matin et parfois aussi l’après-midi. Je la voyais parfois, depuis la fenêtre de la cuisine qui donnait sur le jardin, appuyée sur sa pelle, en train de se parler en faisant de grands gestes. Après qui en avait-elle ou après quoi ? Je n'eus pas la possibilité de le savoir mais elle se parlait toute seule et de façon très animée, tous les jours. Par contre, le jardin n'est pas mon truc à moi.
BON JEUDI
l y d i a
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Par CHAMARIE le 26 Mars 2014 à 06:45
Dans mon enfance, donc, nous récoltions le sang des poulets dans une assiette aillée qui était frite ensuite. J’aimais déguster ce plat qui était goûteux, je vous l'assure.
J'ai dit qu'elle avait acheté du lait mouillé et qu'elle décida que cela ne lui arriverait plus. Pour cela, elle aurait très bien pu acheter le lait dans une autre ferme. Cela aurait été plus simple pour tout un chacun. Pas pour madame Mère à qui il fallait carrément des vaches, eh bien, comme toujours, cette femme ne savait qu'une chose : "Frapper haut." Elle les eut ses vaches, quelques temps après, le plus vite possible. Il y eut donc le lait qu'il nous fallait (et plus encore) et le beurre qu’elle faisait à la baratte avec le surplus. Cela dura plusieurs années, je ne me souviens plus combien. Nous avions du bon lait qu’elle faisait bouillir le soir avec un "anti monte lait" en verre et qui était recouvert, quand il avait refroidi le lendemain matin, d’une peau épaisse et délicieuse que nous appelions : « la crème. » Je me souviens de mes petits déjeuners. Ils étaient un régal grâce à cette crème dont je recouvrais des tranches de pain que je sucrais ensuite. Je trempais le tout dans mon café au lait et m’en léchais les babines. C'est elle aussi qui imposa le café au lait, qui imposa le nombre de sucres dedans (trop à mon goût.)
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin. Elle décida aussi, pourquoi pas, pour une femme pareille rien d'impossible, d'avoir des ruches pleines d'abeilles pour faire du miel et ainsi de suite ! Elle fit le miel ensuite, bien sûr. Il faut dire à sa décharge que, dans son enfance à elle, qui n'avait pas été terrible, elle, son frère et sa sœur, avaient soufferts de faim, de ne pas pouvoir aller à l'école autant qu'ils auraient voulu, de pas mal de choses.
De cette façon, quand naquit ma petite sœur, la dernière de la famille, elle ne risquait pas de boire le lait mouillé de la paysanne. Elle avait à boire celui des vaches de la maison, sucré avec le miel des abeilles. Ainsi, elle ne pleura pas, ne cria pas, ne gesticula pas comme je l'avais fait. Non, elle sourit beaucoup en revanche, profita vite et bien et fut très aimée, bien sûr. Car elle avait une bonne bouille ronde. On voit que le rapport amour/haine tient à peu de choses. Peut-être tient-il à des choses impalpables et auxquelles nous n’avons pas accès. En tous cas dans ma famille…
Maintenant, réfléchissons ! Que manquait-il dans cette ferme familiale modèle ? Il y avait les abeilles, nous venons de le voir, un luxe ! Il y avait les poules et les lapins, la base de toute basse-cour. Il y avait en plus les canards et les oies gorgées pour faire des oies grasses. Ma mère ne craignait pas de gaver les oies, elle ne craignait rien.
Dans l'annexe, qui se trouvait à deux cent mètres de la maison, les cochons et les vaches devaient être soignés tous les jours par tous les temps. C’était un sacré courage qu’il lui fallait, je le reconnais. Tous ces animaux servaient à la consommation familiale et nous donnaient à manger – nous étions six à nourrir – toute l'année. Ainsi, quand venait le moment de « tuer le cochon » on ajoutait le produit tiré de cette tuerie : charcuterie, boudins, lard, terrines de pâté, jambons, poitrines, grattons et autres. Nous arrivions à manger toutes ces provisions dans l’année. Les frites étaient faites avec la graisse d’oie ou de canard. La table était bien garnie et bien grasse et faisait des envieux.
Trop bien garnie ! Car ma mère achetait en plus de bons morceaux de viande. Pour cela il n'était pas question d'économiser.
Elle allait chez le meilleur boucher de la ville. Et aussi « le plus cher », celui de la classe aisée. Elle achetait là les bons morceaux de bœuf ou de veau, de mouton ou d’agneau. Peu importait le prix ! Et peu importait si elle les faisait frire sans autre additif que du sel. Il est vrai qu’à l’époque il n’y avait pas un seul supermarché. Donc pas tellement de possibilités d’avoir de la viande à bas prix (mais d'une qualité douteuse et pas souvent tendre.) Et pas beaucoup de bouchers non plus donc pas de concurrence.
C'était un peu gâché, mais c’était tendre et donc bon, et nous apprécions. Du moment que la qualité était là et que cela suffisait à madame Mère, cela devait nous convenir à nous aussi par la même occasion. Il ne serait venu à l’idée d’aucun d’entre nous de critiquer ou ne pas aimer. J’adorais, quand une belle tranche de veau avait frit dans la poêle, passer du pain au fond. C’était délicieux (mais pas très bon pour la santé et peu recommandable.)
Les repas étaient si gras et carnés que j'eus des problèmes de foie que je trimbalais jusqu'à une jaunisse qui dura plusieurs mois. Le généraliste que nous avions n'était pas très efficace et, quand il n'était pas inspiré, ce qui lui arrivait souvent, il laissait aller les choses sans même prendre la peine de demander conseil à un confrère.
Cela n'était pas très sérieux. Il terminait vite sa consultation et parlait parfois de ses autres patients. Cela me choquait à chaque fois. C'était sans doute pour masquer son incompétence. Il fallait bien parler de choses et d’autres quand on ne savait pas ce que l’on avait à faire dans telle ou telle situation délicate et que l’on voulait faire passer la pilule. Tant pis pour le secret professionnel. Il devait parler de nous aux autres de la même façon qu'il nous parlait des autres à nous ! Et qui sait ce qu'il racontait alors !
Il fit une chose qui me fait rire encore aujourd’hui quand j'y pense. Madame Mère lui confia un jour qu’un de ses jambons était abîmé et qu’elle devait le jeter. Il s’insurgea aussitôt et lui proposa d’emporter le jambon. Même abîmé, il était preneur. Et il emporta le jambon. Curieux pour un médecin ! Non ? Apparemment, si sa famille et lui l’ont mangé, ils n’en ont pas été malades, du moins à notre connaissance… C’était très bizarre quand même !
Madame Mère ne savait pas insister auprès de lui, ce que font trop de gens qui croient en leur médecin et ont toute confiance en lui. Ils ne cherchent pas à savoir si ce qu'il fait est bien ou pas. Ni à le contraindre à faire mieux en demandant une contre-visite. Ils ont peur d’agir contre quelqu’un qu’ils estiment être une sommité même si ça n’en est pas une qui pourrait se distinguer par son talent ou son savoir.
Ce que je ne comprends pas, c’est qu’il arriva à madame Mère, pour quelqu’un d’autre dans la famille, de menacer le même médecin de faire venir son confrère pour avoir un meilleur diagnostic. Pour moi, elle ne le fit pas, allez chercher pourquoi !
A BIENTOT
L Y D I A
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Par CHAMARIE le 22 Mars 2014 à 10:59
Son buffet était rempli de kilos de sucre. Elle le racontait aisément à tout un chacun et tout de suite après, elle ouvrait la porte de ce meuble pour le leur montrer. Elle parlait aussi des conserves faites à la maison : bouteilles de jus de tomate, bocaux de haricots verts, de blettes, confits, pâtés, légumes secs, pots de gras de cochon et d'oie, terrines et autres pots en grès, jambons et tant d'autres que j'ai oubliés.
Elle en était tellement fière qu'elle faisait visiter cet antre (un débarras indépendant de la maison, meublé de deux buffets et d'une armoire remplis chaque été de toutes ces merveilles !) Après avoir énuméré toutes ces richesses, elle les montrait aux clients « marchands de meubles » de petit père. Elle ne manquait pas, en passant, de faire des envieux ou de lasser (surtout ceux qui habitaient en ville et avaient du mal à s’approvisionner et peut-être souffraient de la faim.)
Quant aux volailles prêtes à tout moment à être sacrifiées pour confectionner un repas de fortune, il fallait leur tenir les ailes pendant qu’elle les saignait. Ce n'était pas très agréable pour nous qui devions l’aider et assister à ça, mais nous n’avions pas le choix et finissions par nous y habituer sans faire de manières. Il ne fallait pas en faire, c’était interdit. Au bout d'un certain temps, nous ne faisions plus attention à la cruauté de madame Mère et n'étions pas, comme le sont maintenant nos jeunes, super délicats face à cette histoire.
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Bon week-end
L Y D I A
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